Science et ingénierie des matériaux et des procédés
In memoria : Michel PONS
C'est avec un immense chagrin que nous avons la douleur et le regret de vous faire part du décès brutal de Michel Pons, des suites du Covid, dans la nuit du 23 au 24 avril 2021.
Michel PONS, directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) était originaire de Montauban dans le sud-ouest. Il a obtenu son diplôme d'ingénieur en métallurgie en 1978 à l’ENSEEG (Ecole Nationale Supérieure d’Electrochimie et d’Electrométallurgie de Grenoble), un doctorat d’Ingénieur en Sciences des Matériaux en 1982, un doctorat d’état ès Sciences Physiques en 1985 au Laboratoire Science des Surfaces et Matériaux Carbonés (S2MC), à l’INPG (Institut National Polytechnique de Grenoble) et l’Université de Grenoble.
Il rejoint le CNRS en 1982 au S2MC, où il a d’abord mené des recherches expérimentales et théoriques sur la protection des aciers contre l'usure et la corrosion par des traitements de surface (laser et implantation ionique). Il est ensuite détaché pour deux ans (1987-1989) à la R&D en microélectronique du CEA-LETI pour développer la métallisation du tungstène par dépôt chimique en phase vapeur (CVD) ainsi que la modélisation et la simulation des réacteurs CVD.
Depuis 1990, au laboratoire Thermodynamique et Physico-Chimie Métallurgiques (LTPCM) il a participé à des recherches sur les couches minces et les revêtements CVD pour de nombreuses applications dont en microélectroniques, en métallurgie et pour l’énergie. Depuis plus de 30 ans, ses recherches ont porté sur le développement de réacteurs et la modélisation pour la croissance et/ou l'épitaxie à haute température du carbure de silicium, du nitrure d'aluminium et des nitrures avancés. Il a dirigé dans ce domaine des programmes de recherche nationaux et internationaux. Parallèlement, il a été directeur d'une équipe de recherche technologique ERT-SiC, laboratoire commun entre l'université et l'industrie pour la croissance du SiC (2003-2007).
Il a créé puis dirigé de 2007 à 2015 le laboratoire SIMAP, « Science et Ingénierie des Matériaux et Procédés ». A partir de 2016, il était coordinateur de la filière Carnot ENERGICS, projet national liant la recherche et l'innovation dans le domaine de l’énergie des laboratoires publics aux besoins industriels des PME.
Michel Pons a occupé de nombreux postes de responsabilité dans des instances locales et nationales. Il a été chargé de mission Matériaux à Grenoble INP, membre du coCNRS en section 15, membre du steering committee de l’ECSCRM (European Conf. On Silicon Carbide and Related Materials), co-organisateur de conférences nationales et internationales. Il a été chercheur invité à l’AIST de Tsukuba (Japon) à plusieurs reprises de 2000 à 2008, comme expert dans le cadre des grands programmes Japonais pour le développement du SiC.
Michel Pons a publié plus de 260 articles de recherche, présenté plus d’une centaine de conférences, contribué à 10 chapitres d'ouvrages techniques et déposé une dizaine de brevets. Il a dirigé près d’une trentaine de thèses dans sa carrière.
Michel a beaucoup œuvré en tant que chercheur dans le domaine des dépôts chimiques en phase vapeur et de la croissance et plus généralement le génie d’élaboration des matériaux. Il a fait considérablement progresser la communauté dans la maîtrise de ces procédés, en conciliant et réconciliant les visions des expérimentateurs avec celles des modélisateurs, tout en poussant les investissements dans des procédés d’élaboration et de caractérisation innovants.
Au-delà d'avoir été un chercheur brillant et reconnu, un Directeur très apprécié, Michel avait la passion des relations humaines et aimait par-dessus tout discuter avec tous, stagiaires, doctorants, personnels administratifs et techniques, chercheurs, encourager les initiatives de chacun, faire progresser les uns et les autres dans leurs projets.
Michel avait le don de perception des qualités de chacune et chacun, pour les faire évoluer dans une carrière scientifique et technique riche au sein du laboratoire. Il était un guide bienveillant.
Si le SIMaP vit -avec sa disparition- un moment de grande tristesse, l’ensemble du laboratoire poursuivra, sur la ligne qu’il a tracée, d’une recherche scientifique dynamique et de haut niveau.